Nouvelles écoles

On aurait presque envie de retourner sur les bancs de l’école… Un roof-top, un arbre de paniers à basket, une cour telle une oasis, des boîtes de repos suspendues aux fenêtres, des salles de cours colorées, des poteaux en châtaigner du Var, des sols intérieurs prévus pour déambuler pieds nus, une salle polyvalente ouverte sur la cour, de la lumière à foison, un circuit d’eau émanant du récupérateur d’eaux de pluie… l’école telle qu’on aurait pu la rêver gamins !

LE PROJET GLOBAL

La ville de Six-Fours-les-Plages a lancé en 2019 un concours d’architecture pour la déconstruction / reconstruction des écoles Reynier (maternelle) et Condorcet (élémentaire), de leurs réfectoires et de leur pôle médical. L’atelier Mascherpa Juppé Architectes, mandataire de l’équipe lauréate, a dessiné le projet. Différentes thématiques se sont articulées autour de celui-ci : l’économie circulaire, qui tend au réemploi des matériaux issus de la déconstruction de l’ancienne école, ainsi que la végétalisation des cours d’écoles. Ainsi, concernant le réemploi, le béton concassé, la tuile provençale rouge, le bois des arbres n’ayant pu être conservés, ont été utilisés sous forme d’up-cycling en tant que remplissage de gabions devenant des bancs, des pas japonais, des protections lourdes d’étanchéité en toiture. La végétalisation des cours s’inspire des cours Oasis, expérimentation réalisée dans le Nord de la France, et dont l’ensemble des deux écoles fait office de projet pilote pour le Sud. les terrains de sports en asphalte et les revêtements imperméables et polluantes disparaissent au profit de petits coins de forêts pédagogiques, avec des endroits pour lire à l’ombre, observer le cycle de l’eau, entretenir son jardin.

LE PROJET ARCHITECTURAL

Le projet fait le choix de l’unité, avec un traitement de façade semblable pour les deux écoles. Une hauteur faible en R+1, à l’échelle du quartier, un enduit minéral blanc chaud et texturé, ainsi que des volumes en bois en porte à faux depuis la façade. Ce jeu de volumes cubiques n’est pas gratuit, les boîtes en massif accueillent des espaces supplémentaires dans les salles de classes, devenant des bulles de lecture au Nord, des brise soleil au Sud, complétés par des volumes accueillant les dortoirs au rez de chaussée de la maternelle.

Liant le projet en asseyant son horizontalité, les préaux en bois habillent les parvis et les cours, abritant des intempéries et du soleil. Le carré, le cube, se retrouve également dans les réfectoires, où un large patio préserve un magnifique cèdre du Liban centenaire, offrant des vues sous sa canopée.

L’intérieur du projet se développe en une coursive centrale généreuse et baignée de lumière par les impostes vitrés inscrits dans les salles de classes de part et d’autres. La circulation se veut aussi équipée, accueillant dans les niches colorées autant les entrées des classes, que des patères et des casiers à chaussures. Ceux-ci permettent alors aux enfants de passer de chaussures à chaussons, dans le cadre des cours végétalisées et dans une démarche proposée hygiéniste.

Les circulations finissent à l’Est et à l’Ouest sur les CDI et salles polyvalentes, qui donnent elles même sur des toitures terrasses. Les élèves peuvent alors y lire à l’extérieur, y faire de la gymnastique, de la pataugeoire, etc.. La composition d’ensemble protège les cours et génère leurs formes, cernées par le bâti : écoles, garderies, pôle médical, cuisine, réfectoires.

LE PROJET PAYSAGER

La cour paysagère est une clé de ce projet, complétant le label Bâtiment Durable Méditerranéen qui atteint la notation « argent ».
Ce dernier nécessite d’entreprendre et respecter des critères environnementaux élevés, que ce soit dans l’économie d’énergie, que la thermique, la production d’eau chaude et d’électricité, mais aussi le choix des matériaux, les filières et le circuit court, le cycle de vie du bâtiment et les nuisances de chantier réduites. L’économie circulaire est alors introduite, avec les matériaux issus de l’ancienne école qui est alors déconstruite plutôt que démolie. On procède alors au tri des déchets, au suivi des différents flux, et au réemploi au sein du projet lorsque cela est possible, ou envoyé en ressourcerie par défaut. On retrouve alors la tuile provençale rouge brisée pour protéger les étanchéités des préaux, en motifs de vagues visibles depuis les classes, avec une alternance de béton concassé aussi issu de la déconstruction. Ces mêmes matériaux permettent aussi de générer les remblais et de remplir les gabions qui créent les assises, chaises longues, amphithéâtres extérieurs des cours.